Depuis l’âge de 17 ans, je me suis senti différent. Je remarquais que ce que les autres acceptaient comme la norme dans notre société, était pour moi difficilement supportable. La lecture du livre « Aux étudiants », du philosophe indien Krishnamurti, fut une révélation : il était donc possible d’envisager la vie autrement. Ce sage de l’Inde a axé l’essentiel de son enseignement sur la nécessité de se libérer des conditionnements – ce qu’il résumait par le titre de l’un de ses livres : « Se libérer du connu » . Mais s’il est effectivement sain et nécessaire de cultiver son discernement pour accéder à la liberté de penser intérieure et à une nouvelle vision du monde, il m’apparaît que Krishnamurti omettait de parler de l’ensemble des facteurs qui nous constituent (et qui ne sont pas que la résultante de notre éducation, et de la puissance de séduction de l’aire culturelle dont on est issu).
Or, ces facteurs influencent l’être humain de manière fort complexe. Voyons donc de quoi il s’agit.
1)De quoi sommes-nous faits ?
D’après moi, ce qui nous constitue, c’est la somme de bien des influences, qui agissent en nous comme des forces parfois contradictoires et opposées, en tous cas qui agissent bien souvent à notre insu.
D’abord, nous sommes le produit de l’inconscient collectif du (ou des) pays dans lequel nous grandissons, de sa culture et de son histoire. Et même encore d’une ville ou d’une aire régionale, dont les modes de pensée collectifs et les coutumes, agissent aussi en nous.
Il y a également l’influence des énergies telluriques et des mouvements cosmiques (tempêtes solaires, etc..), ainsi que des réseaux d’énergie terrestres qui impactent nos habitations et nos zones de vie. L’énergie d’une ville trépidante n’est aussi pas la même qu’une campagne paisible.
Notre configuration astrale de naissance, ainsi que la numérologie et le choix de nos noms et prénoms, influencent aussi les grands axes de nos vies d’une manière subtile.
Nous nous n’oublierons bien sûr pas les facteurs familiaux et l’éducation reçue en famille et à l’école, ni les liens transgénérationnels qui forment des strates inconscientes dans nos comportements.
Puis, il y a les attaques énergétiques des énergies sombres de notre monde, que l’on pourrait décrire comme de la magie noire : pensées ou paroles néfastes et destructrices qui nous sont envoyées dans nos interactions avec l’environnement qui nous entoure, ou qui viennent se greffer en nous à notre insu sous forme de croyances ou d’émotions.
Tout cela est la somme de ce que nous sommes.
2)Comment s’en défaire peu à peu ?
Ce sont souvent les épreuves et les défis de la vie qui mettent en lumière des schémas de répétition qui engendrent des frustrations. On est alors amené à s’interroger sur la récurrence de situations semblables ou de conflits relationnels qui portent souvent la même problématique : pourquoi attirai-je toujours les mêmes personnes dans ma vie, les mêmes défis de couple, les mêmes problèmes avec l’argent, l’autorité, pourquoi ai-je du mal à me régénérer dans telle ville chargée d’histoire ou telle habitation, etc, etc... ?
Le premier pas bien sûr est d’en prendre conscience, de passer par les phases d’analyses qui permettent de situer les problèmes, puis d’oser les affronter.
Puis il faut s’engager dans sa vie avec responsabilité, en refusant d’être la victime d’un destin malheureux. Une vie consciente est un chemin initiatique, comme toutes les traditions ancestrales, toujours, en ont proposé (la quête du Graal, les rites d’initiation des peuples dits premiers, etc.).
Cela demande du courage : le courage de se défaire un à un des nœuds qui nous entravent. Mais aussi parfois le courage de se différencier des autres, d’adopter un style de vie différent, de s’éloigner d’amis ou de membres de sa famille pour aller sur le chemin de la maîtrise de soi.
Heureusement, nous ne sommes pas seuls dans ce parcours de vie consciente. Il nous faudra souvent faire appel à des thérapeutes, qui ont eux-mêmes franchi de semblables obstacles, ou nous inscrire dans des séminaires, des formations, des stages, pour, avec l’aide du collectif, s’approcher de plus en plus de sa vérité ; ou bien il s’agira de lire des livres ou tenir un journal, de faire des retraites de silence dans la nature...
En yoga, ce chemin de vie vers la vérité de notre être, est présenté en trois piliers : il s’agit d’abord de se mettre à nu et d’affronter ses ombres, afin, dans un second temps, d’acquérir le regard extérieur de l’observateur neutre, pour s’étudier et analyser ses efforts et ses progrès. Et enfin, chose importante, il nous est demandé de lâcher-prise sur le fruit de notre travail personnel. Ce qui signifie accepter aussi que nous ne contrôlons pas tout et qu’il est vain de penser qu’un jour nous aurons fait le tour de toutes nos problématiques. Car il s’agit aussi de cela : accepter nos limites, et comprendre que le mental et la volonté ne suffisent pas.
3)Quelles conséquences ce travail a-t-il sur soi ?
On le voit, nous ne pouvons faire l’économie du travail sur soi, car c’est lui qui nous pousse vers un mieux-être vers lequel nous tendons. Dans la philosophie du yoga, on parle de « jardiner son jardin intérieur ». Mais oeuvrer en soi et sur soi est une tâche constante, qui demande de la vigilance et de la conscience.
Heureusement, les bénéfices, comme des récoltes successives, apparaissent peu à peu sur notre voie, sous la forme d’une libération progressive de notre énergie.
Le corps étant le lieu premier de notre vie incarnée, c’est lui qui engramme les souffrances ou les libérations, et nous envoie des messages de bien-être ou de mal-être. Et lorsque les compréhensions et libérations émotionnelles profondes s’inscrivent en lui, l’énergie de vie circule évidemment beaucoup mieux et cela se traduit par un regain de vitalité.
Je vois mes épaules se relâcher, mon ventre enfin s’ expanser et respirer mieux, des douleurs diffuses dans divers parties du corps se dissoudre, une fatigue latente s’évanouir peu à peu. Je sors de croyances toutes faites qui étaient devenues des automatismes, j’acquiers plus de discernement et je ne suis plus impliqué autant d’un point de vue émotionnel. Un détachement se fait jour peu à peu, je me sens moins impacté directement par les événements extérieurs car j’ai appris à les filtrer par ma conscience nouvelle qui observe.
Le grand œuvre alchimique que j’accomplis en moi me libère peu à peu de mes carcans.
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