Dans la philosophie du yoga ( le livre du Yoga-Sûtra), il est dit que le but premier de cette discipline est de faire taire les fluctuations du mental. Cela peut paraître étrange, puisque le yoga est avant tout une pratique corporelle, mais c’est que les perturbations du mental s’inscrivent dans le physique : agitations, palpitations cardiaques, tremblements, ou apathie, épuisement, la liste est longue… Le yoga, comme tant d’autres disciplines cherchant à unifier l’être humain (chi gong, taï chi, méditation, etc...) propose donc de passer d’abord par le corps, de l’observer, puis d’apaiser ses manifestations physiques par divers exercices et pratiques respiratoires, pour qu’ensuite on puisse avoir accès au contenu du mental.
Mais d’où nous vient cette agitation mentale qui s’inscrit dans le corps ? Essentiellement des émotions, conséquences de nos pensées, et qui nous désalignent. C’est que bien souvent nous vivons à l’extérieur de nous-même.
Il est donc primordial, pour aller vers la liberté, d’apprendre à observer et apprivoiser son activité mentale.
1) J’apprends à connaître mon mental
Finalement, si je m’observe, je vois comme mon mental se nourrit sans arrêt de l’extérieur. Tout a été fait pour que la plupart des gens soient hors d’eux-mêmes.
Le travail, par exemple, souvent nous impose des règles, des devoirs, des obligations, des cahiers des charges à respecter, des textes réglementaires à mettre en œuvre. J’attends aussi la validation de mon travail par une autorité extérieure, qui m’évalue en conséquence. Il arrive que souvent ces contraintes engendrent un bavardage mental continue qui ne s’efface pas en rentrant chez soi.
Pour me nourrir biologiquement, je suis souvent dépendant de productions normées, ou bien je paye d’autres personnes pour cuisiner pour moi. Pour me soigner, je laisse aussi souvent l’autorité d’un médecin diagnostiquer et prescrire. Pour me nourrir de distractions, j’ai bien souvent recours à des divertissements variés qui me distraient de moi-même. Pour bien des décisions qui affectent ma vie, je délègue aussi mon pouvoir à des autorités extérieures qui font des choix qui auront un impact sur ma vie.
Je me nourris aussi des idées des autres, et alors je prends position, par exemple sur des débats de société qui ne sont souvent que du bruit pour agiter mon mental ; je regarde le ballet des puissants et des riches que les médias me livrent, avec un sentiment d’aliénation et d’impuissance (ce monde est loin de moi, je n’y accède pas, mais il occupe sans arrêt mon esprit).
Ce faisant, cela ne me permet pas de m’entendre.
Ainsi, je ne parviens pas à savoir ce qui est bon pour moi, et ce qui devrait me nourrir sainement – car les pensées agissent sur mes cellules et ma vitalité, comme la nourriture que j’ingère.
2) Je développe l’écoute intérieure
La première chose à faire, donc, c’est de faire silence, de se concentrer sur son corps, son souffle, et d’apprendre à s’écouter.
D’observer comment les pensées créent des émotions (de la peur, de la colère, du découragement, du stress, etc..) qui affectent le fonctionnement de mon corps. Je repère alors les tensions dans diverses parties de mon corps, j’observe comment mon souffle est impacté et comment mon énergie, dans son ensemble, est affaiblie.
Je ne me juge pas. Je sais que je vis dans une société qui fonctionne sur l’omniprésence d’un mental calculateur, qui évalue, analyse, tire des conclusions, cherche des solutions, vit avec des objectifs qui m’empêchent de vivre dans l’instant présent et d’être à l’écoute de mon énergie vitale et de mes propres besoins intérieurs.
Ce faisant, j’apprends peu à peu à mettre en place une forme de discernement. J’apprends à « faire un pas de côté » : dès que je me surprends à partir dans des pensées agitées, accaparantes, j’apprends à regarder les réactions de mon corps, puis à m’observer de biais, comme si un double de moi se décalait, s’installait par exemple sur une chaise à côté de moi, et me regardait avec compassion et sans émotions, avec détachement.
Et je fais attention à l’origine de ces pensées : ces pensées sont-elles en rapport direct avec mes ressentis personnels, ou viennent-elles de l’extérieur ? Ont-elles été provoquées par les paroles d’un personnage en position d’autorité, par la vue de scènes choquantes dans un film, par la lecture des nouvelles, ou par le découragement soudain dans lequel je me trouve en m’observant ?
Ai-je besoin de laisser mon corps, et donc mon énergie vitale, être pollué par ces pensées qui engendrent en moi des émotions malvenues ?
Bien sûr, cela demande de la pratique : il ne s’agit de rien d’autre que de faire preuve d’une vigilance renouvelée pour pouvoir observer ce mental qui ne vit jamais dans le présent, mais passe son temps à s’inquiéter pour l’avenir ou à y projeter ses désirs, ou qui rejoue de manière répétitive des scènes du passé.
Mais peu à peu, je vais m’apercevoir, à force de m’exercer à cette vigilance, qu’une petite voix intérieure émerge à l’intérieur de moi. Et je m’aperçois que cette voix est plus authentique, plus à l’écoute de mes besoins personnels, et qu’elle se nourrit de calme et m’encourage à vivre de plus en plus à son écoute.
On pourrait appeler cette voix intérieure, mon Soi Divin, ou mon âme.
C’est ce témoin intérieur (que le yoga appelle Purusha ), qui est en réalité ma personnalité profonde. Je me permets enfin d’y accéder pour faire les choix de vie qui ne dépendront plus d’aucune influence extérieure.
Faire taire son mental ? Je vous accompagne en Alsace et à distance
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